En décembre, La collection R a lancé un grand concours de nouvelles comme le sujet principal était Night School, j'ai décidé d'y participer. Je ne pensais pas vraiment gagner, et pourtant, hier j'ai reçu un mail de Robert Laffont pour me signaler que ma nouvelle était classé troisième *en mode trop contente*.
Je vous poste donc mon texte qui s'intègre à la fin du chapitre 10 du tome 2, après une nouvelle dispute entre Allie et Carter.
- Oui. Oui Allie je sais de quoi il est capable.
- Mais tu es injuste, Carter. Ce n’est pas un ennemi, je veux dire qu’il m’a sauvé la vie et qu’il fait partie des
nocturnes, comme nous, je finirais bien par le…
- Tu as promis, la coupa-t-il.
A ces mots, Carter prit la main d’Allie et l’emmena vers le gymnase. Malgré la fraîcheur du sous-sol, Allie avait chaud : elle
avait du mal à le suivre et l’entraînement de Raj Patel l’avait tout bonnement épuisé. Ses mains étaient moites, il lui fut donc facile de se libérer de la prise de Carter.
- Putain, Carter, gronda-t-elle. Où est ce que tu m’emmènes.
- Tu voulais t’entrainer, non ? rétorqua le garçon. Alors, allons-y, je vais t’aider. Tu vois, moi aussi je sais te proposer
mon aide.
- Tout cela est ridicule, s’emporta Allie. Je préfère encore rentrer.
Mais Carter lui attrapa la main avec beaucoup plus de douceur cette fois, la regardant de la façon qui faisait fondre le cœur de
la jeune fille. Allie poussa un soupir, il n’avait pas le droit de faire ça. Elle était en colère et lui, il le faisait ce regard qui lui faisait perdre la tête.
- Allie, je…
- Non, ce n’est pas cool, Carter. J’ai l’impression d’être ta propriété et ce n’est pas parce que nous sortons ensemble que
tu as le droit d’agir comme ça. Je t’ai dit que je ne parlerai plus à Sylvain. Qu’est-ce que tu veux de plus ?
- Je veux t’aider, je veux que la prochaine fois, tu viennes me voir directement. Je veux être utile, tu comprends
?
- Argh, marmotta Allie. Sérieusement, tu vas me faire devenir folle, Carter West. Allons-y !
Allie suivit donc Carter dans la salle d’entrainement. C’était étrange de la voir vide. Il y a encore une heure, les étudiants de
la Night School étaient là à s’entraîner : Julie, Lucas, Zoé et surtout elle-même. Elle savait que son intégration changerait beaucoup de chose mais elle n’avait pas imaginé que cela créerait des
conflits avec Carter, au contraire, elle avait été jusqu’à imaginer que cela les rapprocherait encore plus. Elle était bien naïve, parfois. En fait, non, elle n’était pas naïve, c’était les
garçons qui étaient compliqués.
Elle se laissa tomber sur un tapis, elle n’était pas vraiment motivée pour s’entrainer, encore. Entre les cours, les devoirs et
ses activités nocturnes, Allie ne dormait pas beaucoup mais quand elle vit le regard de son petit ami, elle sut qu’elle n’avait pas vraiment le choix. L’adolescente soupira et attrapa la main que
Carter lui tendit pour se relever.
- Mets-toi en position de défense, lui ordonna-t-il.
Allie obéit, pas franchement enthousiaste. Elle plaça ses pieds correctement mais quand Carter lui attrapa le bras, elle ne sut le
repousser et se retrouva rapidement à terre.
- Allie, mets-y un peu du tien, tu n’as même pas essayé, s’exclama Carter en l’aidant à se relever. On
recommence.
La jeune fille soupira de nouveau, cette chute avait au moins eu le mérite de lui remettre les idées en place. Elle se
repositionna, comme Sylvain le lui avait appris, le dos droit et même si elle ne vit pas Carter arriver, elle le sentit avant même qu’il ne pose la main sur son bras. Elle renversa son adversaire
avec force puis se redressa, fière d’elle et aida Carter à se relever.
- Ah ah, fanfaronna Allie. Est-ce que j’ai vraiment besoin d’aide ?
- Tu n’étais pas bien placée, rétorqua froidement Carter.
- Attends, tu rigoles, là ? Je t’ai mis au tapis, Carter, il faudrait être aveugle pour ne pas le voir.
- Il y a une technique et tu ne la maîtrises pas. Tu peux réussir maintenant, mais le jour où tu en auras vraiment
besoin, tu te planteras car tu ne t’y prends pas bien.
- Ce que tu peux être de mauvaise foi.
- Je veux être sûr qu’il ne t’arrivera jamais rien. Ne prends pas la mouche comme ça.
Allie lui lança un regard noir. Elle avait la bonne technique, elle le savait, même Zoé l’avait complimenté. Alors pourquoi Carter
la critiquait ? Elle prit une grande inspiration : elle devait lui montrer qu’elle ne se vexait pas, du moins, pas aussi facilement que lui. Allie posa ses mains sur ses hanches, regardant son
petit ami d’un regard inquisiteur.
- Okay… grommela-t-elle. Je t’écoute : en quoi est-ce que je m’y prends mal ?
- Tu ne places pas correctement tes jambes et tu dois maintenir ton dos bien droit.
Comme Sylvain plusieurs jours auparavant, Carter posa ses mains sur les jambes d’Allie. L’ambiance n’était pas du tout la même et
Allie eut du mal à croire que Carter était son petit ami en ce moment même. Elle ressentait toute sa tension, tout cela n’aboutirait à rien.
- Stop Carter, je ne sais pas si tu rends compte que tu n’agis pas normalement. Je ne sais pas ce qu’il te
prend…
- Toi qu’est-ce qu’il te prend, la coupa-t-il.
Allie posa ses mains sur ses oreilles pour ne pas entendre les paroles qu’il prononçait.
- Lalalalalala, chantonna-t-elle. Je ne t’écoute plus sinon on va encore se disputer et je n’en ai pas
envie.
Carter écarta les mains d’Allie de ses oreilles, s’empêchant de lever les yeux au ciel. Depuis quand ne pouvaient-ils plus parler
sans se disputer ?
- Je veux juste t’aider, lui rappela-t-il.
- Je sais, mais je crois que je vais me contenter de l’entrainement avec Zoé et des conseils de Raj Patel.
- Ou de Sylvain.
- Arrête, s’emporta Allie. Je t’ai dit mille fois que j’étais désolée, j’ai accepté de ne plus lui parler. Alors arrête ! On
ferait mieux de rentrer ça va être l’heure du couvre-feu.
Allie se dirigea vers la porte. Elle fut soulager de constater que Carter marchait à ses côtés. Sa main alla chercher celle de son
petit ami. Elle voulait tant arranger les choses, malheureusement, elle ne pouvait pas faire plus. Il fallait qu’il lui fasse confiance à nouveau. Au moins il lui reparlait, c’est déjà un sacré
pas en avant.
Il la raccompagna près du couloir du dortoir des filles mais Allie ne le lâcha pas pour autant. Par rapport à la veille, leur
rapport s’était amélioré et elle n’avait pas l’intention de laisser passer sa chance. Carter l’interrogea du regard mais elle lui fit signe de se taire. Si Julie les surprenait, ils seraient bons
pour un sermon. Il avait déjà été dans sa chambre mais il passait par la fenêtre ce qui lui faisait courir moins de risque. Il se laissa pourtant guider, ça ne serait pas la première fois qu’il
aurait des problèmes. Ils traversèrent les couloirs, déserts à cette heure tardive et arrivèrent rapidement à la chambre d’Allie.
- Tu m’amènes ici pour une raison particulière ? demanda Carter.
- Depuis quand j’ai besoin d’une « raison particulière » pour passer du temps avec toi ?
- Touché.
Allie soupira et s’installa sur son lit. Sa chambre était dans un état déplorable : elle n’avait pas eu une seule minute pour
ranger, enfin, elle avait eu un peu de temps mais la vérité c’est qu’elle n’avait pas eu le courage de le passer à trier ses affaires. Ses vêtements trainaient sur le sol et son bureau était
couvert de livres et cahier. Il était difficile d’imaginer Allie travailler dessus. Pourtant, elle n’avait pas arrêté une seule minute : le niveau était beaucoup plus élevé que les lycées qu’elle
avait fréquentés et surtout, elle ne voulait pas décevoir Isabelle.
- Eh bien, Sheridan, ta chambre n’est pas vraiment réglementaire, se moqua Carter.
- Il y a des règles sur la propreté ? s’affola Allie.
- Ben il y a des limites quand même. Comment fais-tu pour travailler ?
- Oh, c’est simple… Je prends ce qu’il y a sur mon bureau et je le pose sur mon lit. Et pour dormir je remets les
affaires sur le bureau, expliqua l’adolescente.
- C’n’est pas plus simple de ranger ?
- Depuis quand les garçons donnent des conseils sur le ménage ?
- Depuis que les filles apprennent à se battre.
Carter s’assit à côté d’Allie et l’attira dans ses bras. La jeune fille se laissa faire, elle était trop fatiguée pour résister et
puis, elle était soulagée d’être à nouveau proche de lui.
- Tu es vraiment sûre que tu ne veux pas qu’on range un peu, intervint-il.
- Ça te perturbe à ce point ?
- Je ne suis pas habitué, concéda-t-il. Depuis que je suis petit je vis ici, et tout est carré, ordonné, c’est plutôt
une bonne chose, tu sais… le rangement.
- Heureusement que tu n’as jamais vu ma chambre à Londres.
Carter leva un sourcil interrogateur. Ils parlaient rarement du passé d’Allie, un peu comme si elle avait toujours vécu ici, comme
lui. Pourtant, ça ne faisait que quelques mois qu’elle était à Cimmeria mais avec tous les événements, Allie avait également l’impression d’avoir toujours vécu ici.
- Ta chambre était comment ?
- Ma mère avait l’habitude de dire que c’était un champ de bataille. Ça n’avait rien à voir avec Cimmeria : j’avais peint
les murs en rouge, mon lit n’était jamais fait et en général, tout trainait par terre : mon ordinateur, mes cds, mon Ipod, mes vêtements, des paquets de nourriture.
Allie pouffa quand elle vit le regard interrogateur de Carter.
- Je vivais dans ma chambre, enfin, quand je n’étais pas dehors.
- Une vraie rebelle, railla Carter.
- Ehh, la rébellion, c’n’est pas le monopole de Carter West ! Je suis une dure à cuire, j’n’aime pas qu’on me dicte ma
conduite.
- Ça je l’ai bien vu mais concernant…
Après s’être levée, Allie se pencha pour poser sa main sur la bouche de Carter et l’empêcher de continuer. Elle ne voulait pas
d’autres disputes. Chaque conversation mènerait-elle obligatoirement au sujet « Sylvain » ?
- Non, non, Carter. Ne recommence pas, le sujet est clos. Ça veut dire qu’on n’en parle plus ! Si tu veux que je ne
voie plus Sylvain, alors, tu dois arrêter de parler de ça, par pitié.
- Je sais, mais tu viens de dire que tu n’aimais pas qu’on te dicte ta conduite et tout à l’heure, c’est ce dont tu
m’as accusé.
- Oui, c’est vrai. Et je le pense toujours. Je ne comprends pas pourquoi tu te mets dans cet état-là, mais, tu
vois, je fais un effort, et prends ça comme un immense privilège, Carter. Je le fais uniquement parce que je t’aime mais attention, n’y prends pas trop goût, je ne cèderai pas
toujours.
- J’agis comme ça parce que je t’aime aussi.
Allie s’installa à nouveau à côté de lui. Elle ne pouvait rien lui refuser et ça l’énervait. Il suffisait à Carter qu’il la
regarde comme lui seul le faisait. Ce n’était pas qu’un regard pour la voir, non, il l’étudiait en permanence, Allie avait l’intime conviction qu’elle n’arriverait pas à lui cacher le moindre
secret. Elle se lova dans ses bras, et Carter l’embrassa sur le front.
- On est un couple sacrément tordu, commenta-t-elle.
Et pour éviter que Carter ne prenne la parole, elle alla chercher ses lèvres. Carter lui rendit son baiser et pour la première
fois depuis longtemps, Allie se sentit bien. Elle ôta ses chaussures et s’allongea dans son lit, posant sa tête sur le torse de son petit ami.
- Tu m’as manqué, lui avoua-t-elle tout bas.
- J’étais là, tu sais. Je ne suis jamais parti.
- Tu étais là, sans être là. Te voir en colère, c’est quelque chose. Je suis contente de retrouver le vrai Carter
West, il m’a manqué cette semaine.
- Il est heureux de te retrouver aussi.
Allie eut un petit sourire. Maintenant que le problème avec Carter était réglé, elle pouvait se concentrer sur les autres et ils
étaient nombreux : rattraper le niveau des autres élèves de la Night school, ne pas perdre pied avec les études, trouver qui était le traitre parmi son entourage.
- Carter, murmura-t-elle. Tu me crois quand je dis avoir vu Gabe au réfectoire.
Carter ouvrit la bouche pour répondre mais quelqu’un frappa à la porte.
- Allie ? appela Julie à travers la porte. Tout va bien ? Je t’ai entendu parler et comme il est tard… Il n’y a
personne dans ta chambre, n’est-ce pas ?
Allie se leva de son lit et raccompagna Carter à la fenêtre, il ne valait mieux pas que Julie les trouve ensemble en plein milieu
de la nuit. Elle lui souffla un « au revoir », elle était triste qu’il ait à se sauver comme ça.
- Oui, tout va bien, s’exclama l’adolescente en refermant la fenêtre. J’apprenais une leçon, et je les apprends
mieux en les récitant à haute voix plusieurs fois.
Après s’être assurée que Julie était bien partie, Allie s’allongea à nouveau dans son lit. Elle repensa un court instant à sa
dispute avec Carter et à la promesse qu’elle lui avait faite. Elle chassa cette pensée de sa tête et s’endormit aussitôt. Comment allait-elle faire pour ignorer Sylvain ?
Je vous laisse également découvrir celle de Books and Iced Coffee qui a remporté la 5ème place et celle de Clem qui a remporté la 2ème place !