Caumes, dix-sept ans, est un adolescent comme les autres : amitié, galères avec les parents, premier amour, école, questions sur l’avenir… Pourtant, son quotidien va être bouleversé, comme celui de millions de français, le 7 janvier 2015 quand la France sombre dans l’horreur du terrorisme.
En tout cas, moi je vois clair dans son regard et son regard, il dit : Je suis désolée, voilà le monde qui vous attend.
Monsieur Cathrine,
J’avoue : quand j'ai lu le synopsis de votre roman, j’ai eu peur. Peur que ça soit trop tôt mais aussi peur de la "récupération" de ces événements dramatiques qui ont touché notre pays.
Pourtant, dès les premières pages, je me suis retrouvée embarquée. Soudain, je n’étais plus moi, j’étais Caumes. Et j’ai réalisé que j’avais commencé A la place du cœur le 11 septembre 2016, une autre date synonyme de terreur où j'avais moi aussi dix-sept ans en 2001. Brusquement, A la place du cœur devenait mon histoire. Car finalement, votre roman ne parle pas du terrorisme : vous y parlez surtout de l’adolescence avec une justesse qui ferait presque peur. Vous montrez que l’adolescent n’est pas un être rêveur et idéaliste. Au contraire, il a conscience du monde dans lequel il vit. Caumes, comme de nombreux jeunes, refuse simplement le fatalisme. Et même si votre roman est parfois dur (car après tout, la réalité l’est souvent), c’est l’espoir qui en ressort, l’espoir d’une jeunesse qui refuse la violence et l’intolérance.
Vous montrez qu'être adolescent, ce n'est pas (contrairement à ce que certains pensent), chasser des Pokémons dans les grandes villes. C'est être engagé et enragés, refuser un monde qui ne tournerait plus rond. Merci donc de dépeindre l'adolescence sous son véritable jour, et de nous avoir épargné les clichés que l'on trouve tant dans certaines sitcoms ou télé-réalités !
Et dire qu’A la place du cœur est un bon livre à faire lire aux adolescents pour leur parler des attentats serait une erreur. Je pense que chaque jeune a eu son « Charlie Hebdo », ou son « 13 novembre 2015 » : un événement qui l’a profondément marqué au point d’en avoir une boule dans le ventre, d’avoir envie d'agir... un événement qui nous rappelle que le monde n’est pas un monde de Bisounours et qu’il faut agir pour voir apparaître un changement. Peut-être est-ce cela, l’adolescence : être plein d'ambition, pas encore désillusionné. Malgré une fin bouleversante, comme je le disais, c’est l’espoir qui prédomine. A la place du cœur est donc un roman à mettre dans toutes les mains, pour réfléchir, qu’on soit ado ou adulte.
Tant pis si je rêve ; pour moi les rêves existent tout autant que la vraie vie.
A la place du coeur d'Arnaud Cathrine
Edition Robert Laffont (Collection R)
252 pages - 16€