Déjà lors de ma lecture de Phaenix, la plume de Carina Rozenfeld m'avait conquise. Il me tardait de la retrouver avec La symphonie des Abysses.
L’Anneau, cet immense atoll avec en son centre le Cercle – une étendue d’eau de mer parfaitement circulaire – est cerné par le Mur, une haute barrière d’une trentaine de mètres, électrifiée, infranchissable. Des hommes et des femmes vivent là, sous son ombre, répartis dans des villes et villages si éloignés les uns des autres qu’ils ont oublié leurs existences respectives. Abrielle est une jeune fille brimée depuis qu’elle a osé chanter. Ca et Sa, quant à eux, sont des humains asexués en passe de devenir enfin des adultes complets. Alors que les sentiments sont interdits dans leur village, ces jeunes Neutres s’aiment d’un amour pur et sincère. Nos trois héros vont être réunis dans leurs fuites. A eux de prendre leur destinée en main.
Envoutant, émouvant, révoltant et en un mot magnifique. Voilà comment je pourrais résumer La symphonie des abysses. Dans le roman de Carina Rozenfeld, il y a finalement peu d’action mais beaucoup de sentiments. Je ne dirais pas pour autant que c’est une lecture tout en délicatesse, au contraire, j’ai été indignée en lisant certains passages, surtout lors de "La partition d’Abrielle", la première partie. Je me suis immédiatement attachée à Abrielle. C’est un personnage fort et volontaire. J’ai aimé son courage, sa détermination.
- [...] C'est comme s'iel vivait dans une autre époque, où les interdits n'existaient pas encore.
- Ou dans le futur, quand ils n'existeront plus, ajouta Abrielle.
- Tu crois que c'est possible ?
Elle hocha la tête avec fermeté.
- J'en suis sûre. A nous de le construire, ce futur.
Alors que tout le monde clamait que "La partition de Sand et de Cahill" était la meilleure partie, j'étais déjà conquise par le début du roman. Je partais confiante et en effet, ça a été une sacrée claque. Alors qu’aujourd’hui, le débat sur la théorie du genre est au cœur de l’actualité, Carina Rozenfeld nous montre que l’amour est bien plus fort, bien au-dessus de tout. Je ne vais pas rentrer dans le débat ici, mais je suis vraiment contente d’avoir lu cette histoire d’amour, ce roman a été une vraie bouffée d’oxygène. Ca et Sa m’ont bouleversée, m’ont parfois même émue aux larmes.
Sa pensait naïvement que quand il n'y avait pas d'amour, il n'y avait pas de haine. Iel se trompait. Elle existait [...]
Concernant le style de l’auteur, il n’y a vraiment rien à redire. Carina Rozenfeld a une plume bien particulière. Elle prend le temps de poser les bases de son histoire, de nous emmener là où elle veut qu’on aille. Et c’est vrai qu’il nous faut du temps pour en savoir un peu plus sur l’intrigue, pourtant, cela n’est absolument pas dérangeant. Au contraire, j’ai aimé faire ce voyage avec elle : L’auteur nous montre que tout n’est pas toujours rose, même sur une île paradisiaque. J’ai juste été un peu perturbée au début de la deuxième partie par l’utilisation de nouveau pronom pour parler des Neutres (iel, lea, luiel…). En effet, Carina Rozenfeld utilise un « iel » tout à fait justifié mais j’avoue qu'à la première page, je pensais que c’était un prénom, et j’ai vite compris que ce n’était pas le cas.
- Iel ?
- Oui, iel, ou il-elle. Nous ne sommes ni l'un ni l'autre, et nous sommes la promesse des deux à la fois.
En résumé, je crois que vous l’aurez compris : La symphonie des abysses est un roman bouleversant que j’ai adoré. Comme pour Le prince d’été, l’amour est vraiment au centre de l’histoire et c’est une lecture qui vous change, vous fait voir la vie autrement : une ode à la tolérance et au respect. Je vous invite vraiment à découvrir le nouveau roman de Carina Rozenfeld.
La liberté avait un prix. Se défaire de ses chaînes n'allait pas sans mal.
La symphonie des abysses - Livre 1 de Carina Rozenfeld
Edition : Collection R
468 pages - 17€90
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