Après deux adaptations cinématographiques, le best-seller suédois de John Ajvide Lindqvist sort enfin en format poche. Encore une histoire de vampires, me direz-vous ! Effectivement, mais attention, on est loin de la bit-lit qui fleurit sur les étagères de nos libraires.
Lindqvist nous emmène dans sa ville natale : Blackeberg, une ville nouvelle, dont la construction a débuté dans les années 1950. Souvent, on ne résume l’histoire qu’à l’amitié qui va unir Oskar, petit garçon de douze ans, souffre-douleur de ses camarades, et Eli, une vampire de plusieurs siècles. Pourtant, Laisse-moi entrer, c’est aussi une série de destins croisés. Lacke, un alcoolique un peu paumé, Häkan, un mystérieux criminel, Tommy, un gamin indiscipliné, Virginia, une femme seule. Laisse-moi entrer est aussi leur histoire. On peut donc plus facilement résumer le livre comme étant un horrible fait divers qui touche la banlieue de Stockholm.
J’ai été surprise d’apprendre que l’auteur était né dans la ville où se passent l’action du roman. En effet, l’image de Blackeberg n’est pas très flatteuse et malgré le côté surnaturel, Lindqvist en profite pour aborder certains thèmes forts : violence, alcoolisme, pédophilie. Le décor est froid, inquiétant. Pourtant, rien n’est totalement… noir. L’auteur joue constamment sur les contrastes : la monstruosité et l’innocence des personnages, la violence et l’amour, la vie et la mort. Tout est flou, jamais totalement net. Les morts ne le sont pas vraiment, les parents n’assument pas leur rôle de parents, les amis font souvent preuve d’égoïsme, même la nature d’Eli n’est pas claire :
- Est-ce que tu es un vampire ?
- Je… me nourris de sang. Mais je ne suis pas… ça.
On tourne donc les pages, complètement intrigué : on s’attend forcément à des révélations et je n’ai pas été déçue. John A. Lindqvist a su me surprendre en donnant une touche personnelle au thème des vampires. Il a réussi à renouveler un sujet déjà beaucoup exploité.
Pourtant paru en 2004, Laisse-moi entrer nous plonge au cœur des années 80. J’ai aimé la nostalgie que cette époque a insuflé au roman : l’arrivée du Rubik’s Cube, l’apogée du Heavy metal, avec des clins d’œil à Kiss ou à Iron Maiden, Lindqvist a su créer une ambiance particulière au livre : on sent qu’il ne nous fait pas de cadeaux. Tout est retranscrit, même les détails les plus gores. Il conviendra donc aux âmes sensibles de s’abstenir. L’écriture est fluide et rend ainsi la lecture facile. Une fois commencé, il est difficile de lâcher Laisse-moi entrer. On se retrouve happé par l’histoire. Et même si l’auteur fait de nombreuses descriptions, elles n’alourdissent pas le texte, bien au contraire, elles apportent une profondeur à l’histoire et font en sorte que le lecteur ait suffisamment de détails pour être intégré complètement à l’histoire, ce qui a été mon cas. J’ai été séduite par cette histoire d’amitié sur un fond d’horreur.
Je remercie Milady et Livraddict pour ce partenariat. Laisse-moi entrer est une très bonne surprise et une lecture que je recommande à tous les mordus de vampires qui veulent s’éloigner de la tendance Twilight. Le roman de J.A. Lindqvist écarte, en effet, le côté sentimental auquel semble associé les vampires aujourd’hui, comme en témoigne la bande annonce de Morse, l’adaptation cinématographique suédoise du livre.
Laisse moi entrer de John Ajvide Lindqviste
Edition Milady
640 pages - 9€