Après avoir lu d’avis d’Amadis, je savais qu’il me faudrait ce livre ! Quand j’ai appris que la sortie, prévue en mars, était repoussée en avril, j’étais désespéré ! L’attente ayant été plus longue que prévue, je n’en ai que savouré davantage ce magnifique ouvrage.
Voilà plusieurs mois que la mère de Connor est malade : atteinte d’un cancer, la femme ne cesse de lutter contre cette terrible maladie. Depuis, chaque nuit, Connor fait le même cauchemar. Un soir, sept minutes après minuit, un monstre apparaît. Le grand Ifs de son jardin prend vie, il est gigantesque, sombre et ferait peur à n’importe qui, pourtant, Connor n’est pas effrayé car ce n’est pas un monstre comme les autres : l’Ifs est venu pour raconter trois histoires à Connor mais également pour entendre la vérité du petit garçon et souvent, la vérité est pire que les plus horribles cauchemars !
On ne peut pas parler du livre sans en connaître son histoire. Si Quelques minutes après minuit est signé Patrick Ness, l’idée vient de Siobhan Dowd, une auteure de littérature de jeunesse, malheureusement disparue trop tôt à la suite d’un cancer. On demande alors à Patrick Ness s’il peut écrire le roman que Siobhan n’a pas eu le temps d’écrire. L’auteur de La voix du couteau accepte, l’idée originale l’inspire et le résultat ne tarde pas : Quelques minutes après minuit est né.
Je savais d’avance que la lecture allait être difficile. L’histoire de Connor m’a bouleversée. Ce petit garçon qui doit faire face à la maladie de sa mère m’a touché plus qu’aucun autre personnage de roman ne l’a fait. On assiste impuissant à sa souffrance, une vraie torture. Patrick Ness ne s’encombre pas de détails superflus sur l’histoire. On devine certains éléments mais on ne sait finalement pas grand-chose de Connor. L’auteur laisse libre le lecteur d’imaginer l’âge, l’endroit où il vit, son histoire. On comprend vite que tous ces détails ne sont pas importants, le principal n’étant pas le passé mais le présent du héros. D’ailleurs, la souffrance est intergénérationnelle : la grand-mère de Connor partage la même douleur. Quelques minutes après minuit, c’est l’histoire d’amour déchirante entre un fils et sa mère, une histoire que l’on sait perdue d’avance. Alors on lit, on pleure, on rit quand même, et surtout on réfléchit aux paroles pleines de sagesse, aux conseils de l’Ifs.
Quelques minutes après minuit est un roman riche en émotions. Le monstre n’est pas là pour faire peur mais pour aider Connor mais également le lecteur à faire face à la vérité, comprendre que toutes les histoires ne finissent pas bien et que les vérités ne sont pas toujours vraies :
«Bien des choses vraies ont l'air de tromperies. Les royaumes ont les princes qu'ils méritent, les filles de fermier meurent sans raison, et des sorcières méritent parfois d'être sauvées. Très souvent, même. Tu serais étonné.»
Si le texte en lui-même est déjà poignant, les illustrations de Jim Kay amplifient les sentiments que l’on éprouve. Sombres, elles pourraient sortir directement du cauchemar de Connor. J’ai parfois eu du mal à les regarder tant elles étaient dures à regarder. J’ai fini le livre hier et j’en suis encore toute retournée. Quelques minutes après minuit est un roman exceptionnel, une fable réaliste et déchirante. Patrick Ness a voulu écrire un livre que Siobhan aurait aimé, une chose est sûre : lecteurs et professionnels ont acclamé ce roman primé et récompensé à de multiples reprises !
Quelques minutes après minuit de Patrick Ness et Siobhan Dowd
Edition : Gallimard Jeunesse
210 pages - 18€
♪ Ode to my Family - The Cranberries ♪